Des projets concrets sur le terrain, révélateurs de grands défis !

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Des projets concrets sur le terrain, révélateurs de grands défis !

Une vision cohérente : « Les différents chantiers adressés par la FPE sont abordés en cohérence. La question de l’éducation orientante est cruciale, car elle va déterminer l’afflux qualitatif d’élèves vers l’enseignement de transition ou qualifiant, et impacter son évolution nécessaire, pour former les élèves en tenant mieux compte des enjeux socio-économiques. Pour réussir tout ça, il faut évidemment que toutes les compétences transversales soient installées, notamment la confiance en soi, la capacité à faire des choix et à travailler ensemble et aussi la connaissance des métiers et les compétences numériques… et bien entendu qu’il y ait des profs en suffisance dans les classes ! »


Story-me et les défis de l’éducation orientante en lien avec l’entreprise

Projet : Story-me

Lancement : 2021, après une phase pilote (2017-2020)

Partenaires : Déclic Belgium, Missaly, 100 000 entrepreneurs, Les ambassadeurs d’expression citoyenne, Odyssée, Les jeunes entrepreneurs et Step2You

Bénéficiaires : 12 écoles de la Région de Bruxelles-Capitale

Cibles : 1500 élèves des 2e et 3e années de l’enseignement secondaire

Fédérations de PO : Wallonie-Bruxelles Enseignement, SeGEC, CPEONS, Felsi, CECP

Objectif : amener les élèves à définir leur projet professionnel en développant la confiance en soi, ainsi que la capacité à s’orienter et à se mettre en projet.

Soutiens : Fondation Jean-François Peterbroeck, BNP Paribas Fortis Foundation, Fondation Degroof Petercam, Fondation Bernheim, Fondation Engie, Porticus

Informations : www.story-me.be

Après avoir présenté Story-me, Olivier Remels a énuméré les défis révélés par ce projet. Le premier concerne la formation des enseignants à l’approche orientante, particulièrement ceux du tronc commun ; pour les affronter, Story-me a permis d’identifier une série de bonnes pratiques qui seront utiles aux acteurs de la formation continue des enseignants. Le deuxième défi concerne la mauvaise compréhension par beaucoup d’enseignants du concept de STEM (science, technics, engeneerings, mathematics) – devenues STEAM avec l’adjonction du « A » renvoyant aux compétences créatives– de même qu’une méconnaissance du monde de l’entreprise et de son fonctionnement. Le troisième défi : les parents, qui doivent être inclus et impliqués dans le parcours d’orientation de leurs enfants.

L’Administrateur délégué a ensuite élargi le propos à l’ensemble des réflexions menées par la Fondation sur l’orientation, prônant le développement de synergies entre les acteurs : « Je pense aux outils de découverte des métiers. Beaucoup sont disponibles au sein des fédérations sectorielles et dans les entreprises. Nous avons l’ambition de les articuler au bénéfice de l’École, pour ne pas refaire ici ce qui existe déjà là-bas. »

Autre piste de concrétisation de ces synergies : la création de hubs écoles-entreprises qui soient des lieux de rencontre et d’échange. « Nous pensons que spécifiquement autour de la question de l’orientation : il y a du travail pour se retrouver autour de thématiques générales ou plus spécifiques, a poursuivi Olivier Remels. Ces hubs peuvent aussi être intéressants pour relever d’autres défis, comme la mobilité des carrières. Mais nous aurons l’occasion de développer ces idées, car la Fondation pour l’Enseignement est partenaire du projet européen ED-EN Hub, qui vise justement à susciter des dynamiques à partir de la collaboration écoles-entreprises. »


Rentrée numérique ou les défis de l’informatique à l’école

Projet : Rentrée numérique

Lancement : 2019

Partenaires : EducIT, Agir pour l’enseignement

Bénéficiaires : 101 écoles en Région wallonne

Cibles : élèves de la 3e à la 7e année de l’enseignement secondaire

Fédérations de PO : Wallonie-Bruxelles Enseignement, SeGEC, CPEONS, Felsi, CECP

Objectif : aider les enseignants à intégrer le numérique dans leurs pratiques pédagogiques et offrir à tous les élèves un bagage numérique minimum dans un modèle d’équipement 1:1 (1 élève, 1 machine)

Soutiens : Fondation Roi Baudouin, Fondation Astralis

Informations : www.rentreenumerique.be

Saluant Daniel Verougstraete et Philippe Van Ophem, les deux artisans d’EducIT, Olivier Remels a applaudi le succès du projet Rentrée numérique, qui visait 50 écoles en 2022 et qui a déjà dépassé la centaine. Il a également attiré l’attention sur les moyens financiers dégagés dans le cadre de ce projet par la Fédération Wallonie-Bruxelles, pour l’engagement des conseillers technico-pédagogiques et pour l’aide à l’achat du matériel par les familles.

« Tout cela ne s’est pas fait par magie, a-t-il poursuivi. Cela a nécessité pas mal de concertations au sein la Fondation pour l’Enseignement pour créer, avec l’autorité publique, un cadre, des balises, qui ont permis à chacun de s’approprier ce projet. Notre groupe de travail réunit des acteurs académiques et économiques qui participent de manière complémentaire à la réflexion. On pourra encore le mobiliser à l’avenir, avec l’aide de l’Agence du numérique, qui s’articulera avec les orientations pédagogiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles. »

« Car des défis subsistent, a constaté l’Administrateur délégué. Notamment pour poursuivre cette progression avec des objectifs de couverture totale des écoles. Au-delà des conseillers technico-pédagogiques, c’est l’ensemble des personnels qui doivent porter les enjeux du numérique éducatif. Au niveau institutionnel, il faudra aussi arriver à harmoniser les soutiens de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en charge de l’enseignement, et des Régions wallonne et bruxelloise, en charge de l’équipement et de la connectivité. Il faudrait ainsi notamment que l’appel à projet régional ‘École numérique’ s’harmonise au mieux avec les ambitions pédagogiques de la Fédération Wallonie-Bruxelles, pour renforcer le processus de soutien à l’achat des machines par les familles. »

Pierre Scieur, conseiller au Segec, a pris la parole pour témoigner de l’évolution de la numérisation dans ses écoles. « Nous ne sommes pas dans une réforme, mais dans une révolution, a-t-il déclaré… Une révolution qui exige de faire face à de nouveaux défis. J’en pointerai deux. Le premier, c’est qu’avec le numérique, de nouveaux métiers sont arrivés dans l’école. Et il faudra bien reconnaître que ce sont de vrais métiers, comme secrétaire, bibliothécaire. Car on ne tiendra pas simplement sur la bonne volonté des gens. Une bonne volonté mise à mal par les tensions qui apparaissent lors des soucis de connectivité ou lors de différends pédagogiques. Le deuxième défi, c’est de maintenir le principe ‘one-to-one’ (1 élève, 1 machine), ce qui passe par une coordination des soutiens des différents niveaux de pouvoir. Car l’incohérence est contreproductive. Si une école gagne 15 tablettes à une espèce de tombola, c’est contreproductif pour le directeur qui essaie de créer un mouvement d’ensemble. »


Entr’apprendre ou les défis de la connexion des enseignants aux métiers

Projet : Entr’apprendre

Lancement : 2015

Partenaires : 26 entreprises de 6 secteurs économiques, Union wallonne des entreprises, Chambre de commerce et Union des entreprises de Bruxelles, École de perfection en management, Agoria, Embuild, Essenscia, Fevia, instituts de formation continue de l’enseignement (IFPC, CECP, FCC, IFCESC), centres de Technologies avancées et de compétences (CTA/CDC-R)

Bénéficiaires : toutes les écoles francophones et entreprises d’accueil

Cibles : Chefs d’ateliers, professeurs (courts techniques et généraux) et formateurs CTA/CEFA de l’enseignement qualifiant ordinaire et spécialisé

Fédérations de PO : Wallonie-Bruxelles Enseignement, SeGEC, CPEONS, Felsi, CECP

Objectif : permettre aux professeurs de se connecter au monde économique en effectuant un stage dans une entreprise participante

Informations : www.entrapprendre.be  

Olivier Remels a commencé par rappeler les ambitions de ce programme qui mobilise chaque année des entreprises de plusieurs secteurs et qui permet aux enseignants du qualifiant de mettre à jour leurs connaissances des métiers et des soft skills. Depuis un an, le programme est également ouverts aux professeurs et formateurs de l’enseignement spécialisé.

« Le défi reste de remplir les places de stages qui sont ouvertes. C’est un message fort, que l’on doit continuer à faire passer. La difficulté, c’est parfois pour l’enseignement d’aller vers l’entreprise, pour des raisons qu’on peut comprendre, certes, mais qu’il faut dépasser. Continuons donc à faire la promotion de ce dispositif qui permet vraiment de faire bouger les lignes, particulièrement dans le cadre des réformes en cours. Et de pointer notamment : Les enseignants qui hier (parcours 3, 4, 5, 6ème secondaire) donnaient cours en 3e secondaire enseignaient un secteur, pas encore un métier. Aujourd’hui, pas mal de ces enseignants-là vont aller vers la 4e secondaire, première année du nouveau parcours qualifiant. Ils devront donc être mieux formés l’enseignement des métiers spécifiques. Aller en entreprise est une excellent occasion de le faire. »

Prenant la parole, Gilles Tilleul, responsable RH et Formations chez Lutosa, s’est dit particulièrement heureux d’accueillir chaque année des professeurs-stagiaires intéressés par les nombreux métiers de son entreprise pluridisciplinaire. « Mais ces dernières années, il faut bien constater que les profs de matières techniques sont plus ‘durs à la détente’. J’accueille des profs de sciences, des profs de langues qui trouvent leur bonheur chez nous parce que nous passons par tous les états de l’eau et parce que, pour exporter dans 136 pays, nous sommes plutôt bons en traduction. Mais dans la fonction technique et mécanique, nous sommes les parents pauvres. Nous engageons tous les jours – enfin, nous essayons d’engager tous les jours – de la main d’œuvre technique, mais nous peinons. Nous ne demandons pas mieux de jeter des ponts pour améliorer cette situation. »

De son côté, Julie Goffette, chargée de projet Forest Friends à la Société royale forestière de Belgique, a quant à elle évoqué les trois idées clefs liées à l’accueil des professeurs-stagiaires. La première, c’est de pouvoir présenter les métiers de la gestion forestière à l’ensemble de la filière, ce qui inclut les professeurs en menuiserie. La deuxième, c’est de rencontrer le besoin des enseignants d’être sur le terrain. « Et enfin, le troisième point, a-t-elle conclu, c’est de pouvoir vraiment discuter des enjeux actuels et futurs de la forêt, par rapport à l’exploitation du bois de production, du changement climatique et de toute une série d’autres choses. »


Q-Trio ou les opportunités d’éducation « triale » aux métiers

Projet : Q-Trio

Lancement : 2022

Fédérations de PO : Wallonie-Bruxelles Enseignement, SeGEC, CPEONS, Felsi, CECP

Partenaires : Union wallonne des entreprises, Chambre de commerce et Union des entreprises de Bruxelles, Essenscia, Fevia, Agoria, Embuild, chambres Enseignements des Bassins Enseignement-Formation-Emploi, Centres de Technologies Avancées et Centres de Compétences, Entreprises et écoles

Bénéficiaires : les écoles francophones : professeurs et élèves

Cibles : élèves en maçonnerie et en électromécanique

Fédérations de PO : Wallonie-Bruxelles Enseignement, SEGEC, CEPONS, Felsi, CECP

Objectif : construire des parcours de formation tripartite (écoles, entreprises et centres de formation) pour des métiers en pénurie : maçon et électromécanicien

Informations : https://www.fondation-enseignement.be/node/427

Olivier Remels a ensuite abordé l’un des projets les plus récents lancés par la Fondation : Q-Trio. Il s’agit d’un projet en cours de développement. Son but est de créer un parcours de formation innovant pour deux métiers en pénurie : maçon et électromécanicien. Un parcours basé sur trois pôles : l’école, l’entreprise et le centre de formation. Ce travail réalisé en commun avec des partenaires issus de ces trois pôles a débouché sur un cahier des charges, accompagné d’un plan d’actions destiné à susciter une réflexion commune.

« Le premier défi lié à ce projet, c’est d’exploiter au maximum les synergies qui existent potentiellement entre d’un côté la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale et, de l’autre, la Fédération Wallonie-Bruxelles, notamment pour l’apport des centres de compétences et pour les liens à établir avec le Plan de relance wallon. Lequel prévoit un soutien accru des centres de compétences. Le deuxième défi, c’est de diffuser les bonnes pratiques décrites dans ce cahier des charges, notamment auprès des bassins de vie, pour que chacun puisse se les approprier, cela sans grand apport budgétaire. »


Mobilité entreprises-écoles ou les défis de la reconversion vers l’enseignement

Projet : Mobilité professionnelle entreprises-enseignement

Lancement : 2020

Partenaires : Fédération Wallonie-Bruxelles, Equans, Randstad, Federgon, Prayon, Febelfin, Experience@Work

Bénéficiaires : toutes les écoles francophones

Cibles : professionnels en entreprise désireux de se reconvertir dans l’enseignement

Fédérations de PO : Wallonie-Bruxelles Enseignement, SeGEC, CPEONS, Felsi, CECP

Objectif : susciter des reconversions positives pour lutter contre les pénuries d’enseignants

Informations : https://www.fondation-enseignement.be/node/376

Lieu privilégié du dialogue École-Entreprise, la Fondation pour l’Enseignement a décidé de contribuer au dossier de la mobilité professionnelle, dans le cadre de la lutte contre les pénuries d’enseignants. Elle a planché sur ce sujet avec ses partenaires et, en juin 2020, a publié une série de recommandations qu’elle a amenées dans le groupe de travail mis en place par la Fédération Wallonie-Bruxelles sur ce sujet.

« On sait que cette mobilité ne peut pas se faire n’importe comment, a déclaré Olivier Remels. Il faut avoir acquis des compétences pédagogiques pour enseigner. Mais il y a encore un effort d’objectivation à accomplir sur toute une série de domaines, comme les modalités et les statuts. Et puis, pour développer cette mobilité, il faut aussi travailler sur l’accueil des nouveaux enseignants. Car, il faut le souligner : s’il est difficile d’attirer des enseignants de seconde carrière, il est encore plus difficile de les garder. Les démissions d’enseignants de seconde carrière sont plus nombreuses que celles des enseignants de première carrière. Il y a donc vraiment une marge d’innovation pour l’acclimatation de ces enseignants, pour leur intégration dans les équipes. Nous sommes disponibles pour contribuer à cette réflexion. »

La parole a été donnée à Delphine Pirotte, career coach chez Randstad Risesmart, qui a replacé la problématique des secondes carrières dans l’enseignement dans le cadre plus large de la mobilité des carrières : « J’observe parmi les candidats que j’accompagne dans ce cadre-là, c’est que certains, à un moment donné, expriment le besoin, l’envie de transmettre. Et là, une réorientation vers l’enseignement peut se concrétiser. En tant que partenaire de la Fondation pour l’Enseignement, notre but est d’arriver à faire émerger des solutions par rapport à ce grand défi, en amenant des éléments objectifs sur les freins et les motivations des personnes qui s’inscrivent dans ce désir de mobilité. »