« Q TRIO » : des plans de formation « triale » pour booster certains métiers dans l’enseignement qualifiant ?

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« Q TRIO » : des plans de formation « triale » pour booster certains métiers dans l’enseignement qualifiant ?

Des solutions innovantes coconstruites avec les acteurs

En mars 2021, le Groupe de Travail dédié aux « parcours d’enseignements renforcés des métiers écoles-entreprises » de la Fondation pour l’Enseignement (FPE) rassemblant les représentants des employeurs (fédérations de pouvoirs organisateurs, Wallonie-Bruxelles Enseignement, fédérations interprofessionnelles et sectorielles (quatre secteurs : Agoria, Essenscia, Fevia, Confédération de la Construction Wallonne) ont remis neuf recommandations.

Sur cette base, le Groupe de Travail, devenu entretemps « Comité de Coordination », a recommandé à la FPE d’explorer des parcours d’enseignement des métiers renforcés sous une forme « triale », visant à optimiser les parcours dans deux premiers métiers (en pénurie) prioritaires : électromécanique et maçonnerie, dans deux zones : respectivement les bassins Liège, Huy-Waremme, Verviers (1) et Hainaut Centre (2).

Cette formule « triale » s’appuie sur des constats partagés en faveur d’une meilleure utilisation des compétences, ressources et des outils disponibles chez les parties prenantes, visant des synergies et un renforcement mutuel, dans un contexte de complexification et d’évolution rapide des métiers, rendant aujourd’hui complexe (et même souvent impossible) l’acquisition de toutes les compétences chez un seul opérateur.

Aussi, après analyse, il s’avère que les formules d’enseignement des métiers qui fonctionnent le mieux aujourd’hui sont celles associant les partenaires de l’école, de l’entreprise et de centres de formation (chez nous, les centres de compétences/référence, de technologie avancée et sectoriels) dans une formule « triale », à l’instar du système en vigueur en Suisse [1].

Ces propositions nourrissent aussi les réflexions qui sont prévues dans la feuille de route du Pacte pour un Enseignement d’excellence (« Avis numéro 3 »), visant notamment à revoir les parcours métiers en intégrant mieux les impératifs liés à chaque métier, et d’améliorer les interactions écoles-entreprises (e.a. faciliter les stages), et de créer des synergies entre enseignement-formation-emploi, tout en veillant à ce que l’école reste bien le centre de gravité des parcours.

Diverses rencontres, tables rondes et enquêtes ont été menées auprès d’écoles, d’entreprises, de centres de formation volontaires, afin de bien cerner les enjeux, de tester et de concrétiser les recommandations dans un cadre opérationnel.

Un plan d’actions et un cahier des charges

Un plan d’actions indicatif en plusieurs phases est ainsi proposé, pour une mise en œuvre progressive de projets innovants par les acteurs, tout en tenant compte de l’évolution du contexte et des contraintes liées aux réformes en cours et des accords de coopération à renouveler entre les entités fédérées.

La phase « Exploratoire », qui s’est déroulée jusqu’en avril 2022, a permis de jeter les bases des phases suivantes, au travers d’un cahier des charges, que chacun peut s’approprier. Les réflexions sont toujours en cours pour la création d’un cadre spécifique innovant structuré pour encadrer ces projets.

Ainsi, le plan d’actions met en lumière :

  • des objectifs quantitatifs et qualitatifs ;
  • les métiers à aborder en priorité choisis par les acteurs ;
  • un modèle de gouvernance des projets (pilotage en lien à l’autorité publique, coordination générale et locale, comité techniques métiers) ;
  • des hypothèses budgétaires adaptées aux différentes phases de mises en oeuvre, visant essentiellement à clarifier les ressources existantes consacrées au projet ;
  • des écoles/entreprises/centres de formation volontaires pour se lancer ;
  • le rôle des Chambres Enseignement – Instances Bassins Enseignement qualifiant-Formation-Emploi (IBEFE) ;
  • les enjeux de la sensibilisation ;
  • les étapes de mises en œuvre et des indicateurs de suivi et d’évaluation.

Le cahier des charges rend compte des constats et des résultats résultant des échanges entre les acteurs, en proposant une feuille de route concrète.

Ces propositions concernent des domaines pour lesquels des améliorations sont jugées nécessaires par les acteurs pour une professionnalisation accrue des collaborations écoles-entreprises-centres de formation, qui existent déjà aujourd’hui mais qui nécessitent un cadre amélioré et mieux concerté en amont. On peut ainsi pointer la connaissance mutuelle qu’ont les acteurs de leurs réalités respectives, le nécessaire partage d’informations relatives à la formation des élèves, le besoin d’échanges pour préparer et faciliter les stages, une offre de formation et d’équipements complémentaires, ou encore la gestion des transitions dans les parcours.

Des outils concrets au service des acteurs

Enfin, le cahier des charges propose des outils concrets mobilisables immédiatement dans les plans d’actions :

  • Des plans de formation en mode trial, à l’instar des pratiques de l’alternance, répartissant les compétences (unités d’acquis d’apprentissage) entre écoles-entreprises-centres de formation selon les forces et spécificités de chacun (compétences, expériences, équipements), tout en gardant l’école au centre du jeu, seule habilitée à certifier (en collaboration avec les autres acteurs, par exemple dans les jurys de qualification) ;
  • Un modèle de phasage des stages pour programmer au mieux les stages par rapport aux impératifs de chacun ; ce modèle prévoit aussi la préparation, l’accueil, le suivi et la consolidation des apprentissages après le stage et/ou passage en centres de formation ;
  • Des conditions qualitatives, dont la formation des enseignant.e.s en entreprise et centres de formation, des formateurs des centres de formation aux réalités de l’école, des tuteurs d’entreprises, … l’accès facilité aux formations sécurité et aux épreuves sectorielles, la participation aux jurys de qualification, et les épreuves intégrées ;
  • Un planning partagé de la formation de l’élève, pour la préparation et le suivi des stages et des formations en centres de formation ;
  • Des cartographies écoles-entreprises-centres de formation par métier et par Bassin, pour mobiliser au mieux les acteurs/ressources disponibles ;
  • Des espaces partagés de documents et diffusion des bonnes pratiques.

D’autres actions à plus long terme sont enfin proposées à titre de réflexion, en vue de faciliter et de fluidifier les collaborations « triales », mais nécessitant alors des modifications du cadre réglementaire. Ces actions sortent du cadre des projets « trial » tels qu’envisagés.

La Fondation pour l’Enseignement poursuit la réflexion avec les autorités publiques afin de donner ensemble un cadre optimal à ces projets.

Retrouvez ici le rapport Q Trio et ses annexes dans la rubrique "Publications à thème".


[1] « L'alternance (qui signifie ici le modèle « tripartite » reposant sur une entreprise formatrice ou un réseau d’entreprises, 3 à 4 jours par semaine ; l’école technique/professionnelle un à deux jours par semaine ; et les cours interentreprises -lisez en centres de formation-, entre 8 et 70 journées en tout selon les professions) en formation en Suisse. Ses forces et ses faiblesses », Jean-Luc Gurtner Département des Sciences de l’éducation et de la formation, Université de Fribourg/Suisse BASSIN EFE Brabant Wallon, 1 juin 2021.