« HUB écoles-entreprises » : bilan du projet lors de la conférence de clôture
La Fondation pour l’Enseignement accueillait le 28 juin dernier à Bruxelles, l’événement de clôture du projet ED-EN HUB, qui rassemblait les partenaires de ce projet Erasmus+ dédié à l’importance de la collaboration École-Entreprise dans le développement des compétences transversales. Une rencontre riche en réflexions pour clôturer trois années de collaboration entre les partenaires européens.
Compétences transversales et synergies École-Entreprise : vers un modèle européen ?
Pour rappel, ED-EN HUB est un projet Erasmus+ de l'Union européenne qui associe huit institutions de pays européens, dont la Fondation pour l’Enseignement (FPE) en Belgique. L’objectif de ce projet est de créer une coopération internationale pour développer des outils et méthodologies en vue d’une meilleure collaboration École-Entreprise.
Outre trois ateliers dédiés aux outils développés dans le cadre du projet, l’essentiel de l’événement a été consacré à l’importance des synergies École-Entreprise dans le développement des compétences transversales. Point de départ de cette réflexion : la présentation du modèle finlandais d’enseignement qualifiant par Heta Rintala, professeure à l’Université de sciences appliquées de Hämeenlinna (Häme University of Applied Sciences). Un modèle dont la dernière réforme accentue encore plus la coopération École-Entreprise.
Modèle finlandais et compétences transversales
Les écoles professionnelles finlandaises développent en effet un système de formation qualifiante modulaire, basé sur un programme individuel d’acquisition des compétences. Certaines de ces compétences sont prodiguées à l’école, d’autres de manière virtuelle et d’autres encore en entreprise ou chez un patron (lire aussi ici ).
Outre les compétences strictement professionnelles, le package comprends des compétences transversales, comme les STEM, l’informatique, la communication, le développement durable, l’entrepreneuriat, les finances, etc. Autant de compétences nécessaires dans la perspective de l'apprentissage tout au long de la vie.
Heta Rintala a alors passé en revue les principaux défis qui caractérisent la nouvelle relation qui se met en place entre les entreprises et les écoles professionnelles.
« Ces défis ne concernent pas que les compétences professionnelles, expliqua-t-elle. Les compétences transversales doivent également être intégrées dans la collaboration école-entreprise. Prenons l’exemple de l'unité « Maintenir la capacité de travail et le bien-être au travail » : l’acquisition de cette compétence implique un enseignement mixte qui amène le professeur d'éducation physique à former des étudiants à l’ergonomie dans des situations de travail. »
Une plus grande coopération
Le premier défi consiste à élargir la coopération. Car en dehors de l’enseignement en alternance, l’entreprise peut développer avec l’école toute une série de services, comme la formation de formateurs ou l’organisation d’épreuves de recrutement. L'Agence finlandaise pour l'éducation mène une enquête continue pour nourrir la réflexion relative à cette nouvelle collaboration.
L’autre défi est d’augmenter les compétences des enseignants. Outre leurs compétences pédagogiques, les professeurs doivent pouvoir orienter les élèves, interagir avec les entreprises, créer des partenariats, etc. Les écoles ont donc dû réorganiser leurs ressources humaines en développant la coopération et le travail en équipes.
Ceci n’est pas sans rappeler le projet Entr’Apprendre de la FPE...
Enfin, il s’agit de mettre les attentes en commun. Entre le professeur et le formateur en entreprise, la conception de l’accompagnement pédagogique et les attentes en matière d’acquisition de compétences sont souvent différentes. Dès le début du parcours, l’élève, l'enseignant et le formateur doivent donc s’accorder clairement sur les objectifs, le parcours, l'orientation et le suivi, avec des réunions régulières pour réactualiser ce programme.
Un enjeu essentiel
Et de cette coopération entre enseignement et entreprise, il en a bien été question lors de la table ronde qui a suivi la présentation d’Heta, lors de l’évènement de clôture ED-EN HUB. Celle-ci a rassemblé plusieurs acteurs pédagogiques ayant réfléchi à cette connivence École-Entreprise sur fond de compétences transversales.
D’abord, il est clair que les compétences transversales sont devenues indispensables au succès du parcours d’enseignement. « Premièrement pace qu’elles sont la base de l’acquisition des autres compétences, résume Tatjana Babrauskiene, du Comité économique et social européen. Deuxièmement, parce que les entreprises y sont attentives quand elles embauchent. »
À tel point que certaines d’entre elles développent des programmes de formation interne qui leur sont consacrés. C’est le cas de l’entreprise belge Prayon, producteur mondial de phosphates, dont Philippe Bertin, Chief Corporate Services Officer, a expliqué la démarche : « Cela a à voir avec Darwin. Ce n’est pas le plus fort qui survit, mais le plus adapté. Et cette capacité d’adaptation, elle vient des compétences transversales. Nous en avons défini 12, que les membres de notre staff doivent acquérir dans le cadre d’un programme de formation interne. »
Pour les panélistes, il est clair que le monde des entreprises accorde une grande importance aux compétences transversales. C’est pour cette raison que l’enseignement a besoin d’une connivence avec les entreprises, pour les identifier, les contextualiser, pour les faire acquérir et, plus particulièrement, pour évaluer leur acquisition.
À l’instar de ce qui se passe en Finlande, des écoles et des centres de formation ont déjà pris de l’avance pour prodiguer ces compétences transversales. Certaines utilisent même des outils qui ont été développé pour leur apprentissage, comme « Skillpass » et « Rectec ».
Une chose est sûre, les compétences transversales sont devenues un enjeu essentiel de l’évolution de l’enseignement européen et font l’objet de réflexions en profondeur pour être intégrées dans les programmes.
L’équipe de la FPE tient encore à remercier chaleureusement les membres du panel pour leurs riches interventions lors de cette table ronde : Tatjana BABRAUSKIENE (EESC), Marc DURANDO (European Schoolnet), Heta RINTALA (Häme University of Applied Sciences), Pascal BALANCIER (Agence du Numérique), Audrey GRANDJEAN (Instance Bassin EFE), Philippe BERTIN (Prayon), Christophe BONDROIT (IFAPME), Gina BET (Le Forem), Jeny CLAVAREAU (SEGEC) et Victor HERRERA VELASCO (Cité des Métiers de Bruxelles).