Caroline Désir, Ministre de l’Education : le point sur les réformes et les défis

Partager

Caroline Désir, Ministre de l’Education : le point sur les réformes et les défis

Caroline Désir, ministre de l’Éducation de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a commencé par faire un rappel des quatre grandes réformes du Pacte pour un Enseignement d’excellence qui sont entrées en vigueur à la rentrée 2022 : les nouveaux rythmes scolaires, le tronc commun, l’accompagnement personnalisé et les référentiels disciplinaires. Elle a ensuite fait le point sur les dossiers liés à l’enseignement qualifiant.

Focus sur quelques morceaux choisis, mettant notamment en évidence des collaborations à amplifier entre la FPE et le système éducatif.

Sur l’éducation orientante

« Je voudrais vous parler d’un pan de la réforme du tronc commun qui est encore largement méconnu, mais qui s’inscrit pleinement dans cette visée orientante et qui pourrait faire l’objet d’échanges voire de collaborations entre nous : il s’agit des activités orientantes. Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a adopté une note d’orientation qui donne aux écoles la possibilité d’organiser des activités orientantes pour les élèves de 3e secondaire qui le souhaitent. Une souplesse va évidemment être laissée aux écoles, mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’elles pourront donner jusqu’à l’équivalent de 4 semaines d’activités orientantes en 3e année. »

Ces activités orientantes doivent en effet encore être définies, tant au niveau de leur contenu que de leurs modalités de mise en œuvre. Un travail important, qui ne pourra pas faire l’impasse sur une réflexion sur les partenariats à mettre en place pour organiser cette découverte des métiers et des secteurs.

Sur le parcours d’enseignement qualifiant

La Ministre en est ensuite venue à la réforme de l’enseignement qualifiant proprement dite, dont elle a évoqué les trois axes qui la structurent.

Le premier axe est la mise en œuvre du parcours d’enseignement qualifiant (PEQ), de la 4e à la 6e année, pour les élèves qui ont fait ce choix. L’objectif de sa mise en place est, d’une part, de simplifier l’organisation de l’enseignement qualifiant et, d’autre part, d’en faire une filière valorisante qui débouche sur une intégration socioprofessionnelle réussie. Ce PEQ est entré en vigueur cette année pour les options organisées en Certification par unités d’acquis d’apprentissage (CPU) et pour les dix nouvelles options issues des profils de formation élaborés par le Service francophone des métiers et des qualifications (SFMQ). Il sera d’application dans toutes les autres filières à la rentrée 2023.

« Dès la 4e secondaire (N.B. : une fois que les premières cohortes d’élèves seront sortis du nouveau tronc commun en 2028), les apprentissages seront envisagés de manière à donner à l’élève une vision globale du secteur de l’option choisie, explique Caroline Désir. De sorte que cette 4e année s’inscrive dans une logique d’orientation positive, année au cours de laquelle l’élève garde la possibilité d’affiner, de confirmer, voire de modifier son choix d’option, et ce à n’importe quel moment. »

Et de poursuivre : « Le nouveau PEQ repose sur quatre piliers essentiels. Le premier est la modularité des éléments d’apprentissage au sein d’un même continuum pédagogique. Le deuxième est le suivi individualisé de l’élève par l’intermédiaire du dossier d’apprentissage, un outil qui permettra au jeune de se situer dans son parcours et qui permettra de meilleurs échanges entre les acteurs qui l’encadrent. Le troisième est la remédiation : pour permettre la continuité du PEQ lorsque l’élève est en difficulté ou en échec, les écoles organiseront une remédiation immédiate ou des temps de remédiation organisés à des moments définis. Le quatrième est la formation professionnelle continue des enseignants, puisque, pour soutenir au mieux les enseignants dans la mise en œuvre du PEQ, les formations sont organisées en interréseau par l’IFPC. »

Sur la gouvernance de l’offre d’options

Deuxième axe de la réforme de l’enseignement qualifiant : la gouvernance de l’offre d’options. Une gouvernance qui doit tenir compte des besoins socioéconomiques locaux ou régionaux tout en veillant à rationaliser l’offre d’options. Un avant-projet de décret a été déposé fin novembre sur la table du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Lorsque celui-ci aura pris attitude, les négociations formelles seront entamées avec les acteurs institutionnels de l'enseignement.

Quatre lignes directrices sous-tendent cet avant-projet. La première : la gouvernance des options se fera au niveau des Bassins enseignement-formation-emploi et intégrera tous les acteurs socioéconomiques. La deuxième : les pouvoirs organisateurs recevront des outils d’aide à la décision pour proposer des ouvertures et fermetures d’options cohérentes. La troisième : le régulateur aura un rôle renforcé dans le processus de pilotage de l’offre d’options. La quatrième : il y aura une révision des normes de création et de maintien d’options.

« C’est plus particulièrement ce dernier point – la révision des normes – qui a fait l’objet des discussions les plus âpres, poursuit la Ministre. C’est en effet derrière ces termes que nous visons une rationalisation de l’offre d’options. À mes yeux, le texte qui est sur la table intègre trois éléments de façon équilibrée : un mécanisme de fermeture plus strict des options qui ne touchent pas un public suffisant, une prise en compte de la dimension géographique de l’offre et une protection des options conduisant aux métiers en pénurie, ce qui est évidemment essentiel. »

Sur la formation en alternance

Le troisième axe de la réforme est le renforcement transversal de l’enseignement qualifiant et de la formation en alternance. Il faut savoir que la formation professionnelle francophone est dans les compétences de quatre entités fédérées : la Région wallonne, la Région de Bruxelles-Capitale, la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Commission communautaire francophone. Au printemps 2022, les quatre exécutifs concernés ont adopté une note d’orientation définissant la méthodologie à mettre en œuvre pour organiser le « renforcement transversal de l’enseignement qualifiant et de la formations professionnelles, en particulier de l’alternance. »

Cette méthodologie s’articule en deux approches : une approche à moyen et long termes, initiées par la réalisation d’un état des lieux, et une approche à court terme, initiée par la mise en œuvre d’un plan d’action prioritaire s’attaquant aux problématiques identifiées par les apprenants, les opérateurs et les entreprises.

L’état des lieux transversal fait l’objet d’un rapport synthétique présenté aux quatre exécutifs en décembre 2022. « Un travail qu’on peut véritablement qualifier de colossal a été réalisé par les équipes d’Agir pour l’Enseignement (APE), poursuit Caroline Désir. Elles ont collationné des documents, des données, plus de 300 entretiens et réunions de travail des acteurs du système, plus de vingt groupes de discussion avec les apprenants, les employeurs, les partenaires sociaux et les enseignants-formateurs. »

Pour la mise en œuvre d’un plan d’action prioritaire, un groupe de travail interministériel a été mis sur pied, composé des représentants des ministres compétents. Il travaille sur base d’une note reprenant une série d’actions visant à soutenir le déploiement des filières enseignement et formation en alternance. « Cette première note a été présentée en novembre 2022 aux différents gouvernements et approuvée par l’ensemble de ceux-ci, poursuit la Ministre. Les actions envisagées touchent notamment aux enjeux de certification (dans une logique de simplification administrative) et au renforcement de l’offre de stages. Elles doivent maintenant être discutées avec les secteurs avant d’être traduites de façon opérationnelle dans les mois qui viennent. »